05 mars 2009

Une hypothèse

Aujourd'hui il y avait cette jeune fille, avec sa mère. La première était manifestement à côté de nous tous, ailleurs. La seconde ne portait aucune attention à ce grand enfant qui pourtant attirait, forcément, tous les regards. Pendant un instant, cette jeune fille qui ne semblait posée nulle part m'a regardée dans les yeux, très intensément, et m'a sans doute vue comme personne ne m'a jamais vue.
Alors j'ai compris. Une chose bête, que je devinais déjà, mais qu'il fallait que le monde nomme pour moi. Je ne suis ni du beau ni du laid; je suis de son monde à elle, gris sans doute le plus souvent et parfois très vivement coloré. Son monde qu'il faut faire toujours et où il n'y a pas une, mais sa vérité.
Peut-être mon silence est-il bien moins plein, ou vide, que je ne l'aurais cru. Peut-être tient-il en équilibre, quelque part au-dessus, ou en-dessous, de toutes les antinomies qui fondent le monde. Et si j'admire ceux qui prennent parti, peut-être suis-je de ceux qui choisissent de ne pas prendre parti. 
Je crois bien qu'il n'y a rien de plus difficile à (main)tenir que la confusion.