04 août 2011

Renarde explosive. (Un totem imaginaire.)

L'idéal est un idéal parce qu'il est inaccessible. Et c'est précisément parce que je n'arrive pas à le faire agir dans ma vie comme je le voudrais que je m'efforce de l'approcher chaque fois que j'écris, je pense, je sens quelque chose. C'est entendu. Mais même si je m'en sais lointaine presque chaque jour qui passe, je le garde pas trop loin, il me fait du bien, me rappelle ce que je suis.
Aussi est-ce toujours avec une jubilation toute naïve que je vois venir les débuts de session. Même si je sais que, en cours de route, je me trouverai immanquablement à bout de souffle, débordée, désespérée de trouver un peu de temps pour penser et vivre, le choix des livres, les recherches préparatoires, la quête de films et d'autres gugusses susceptibles d'éveiller des étudiants dont je sais l'intérêt difficilement capté par ce qui s'écrit ou pire, doit se lire, me remplit d'une joie enfantine pas trop lointaine d'une saine folie.
Sauf que cette fois est différente : je me sais d'avance prisonnière de cours de mise à niveau.
Alors je me demande. Vraiment. Suis-je une imposteure si je n'ai pas de papillons dans le ventre à l'idée de convaincre quelques élèves qui n'en ont rien à faire que maîtriser sa langue est le début de la santé mentale ?
Je trépigne à l'idée de partager mon amour pour certains auteurs, certains regards sur le monde qui peuvent, je le sais pour l'avoir vécu, bousculer un peu ce que des post-ados croient être devenus. Parfois, c'est une période toute entière qui me rend fébrile et que je veux leur faire vivre de toutes les façons. Mais la langue... La langue, même quand elle est belle, sert à véhiculer quelque chose. Elle n'est pas une fin. Même en littérature. Du moins telle que je la vis.
Depuis que j'ai appris la triste nouvelle de ma tâche automnale, je suis forcée de revenir sur un présupposé fondamental. Parce que si l'idéal est une fin, il transcende tous ses moyens. Et j'ai bien peu à faire d'eux, s'ils ne feignent pas de me rendre pas à lui.