13 novembre 2008

Le journal contre l'ironie

Contre toutes attentes, la quotidienneté du journal intime est une alliée pour l'idéal. Même le par ailleurs diaboliquement ironique Hubert Aquin se permet, dans le chuchotement de son carnet, quelques élans. "Égarés sur terre, nous essayons désespérément de réintégrer le ciel", admet-il en effet dans son Journal (22 oct. 1952). Si dans la posture créatrice contemporaine l'ironie prédomine nettement - délicieuse chez Michon, Échenoz ou Toussaint; nauséabonde chez les récents Beigbeder et Angot -  il semble donc que l'intimité continue d'être le lieu de l'idéal. 
La littérature est, avant toute chose, une habitation du monde. On n'est jamais si exactement dans notre demeure que dans celle d'une parole que l'on sait désintéressée. 
("Broder là-dessus", moi aussi, comme Aquin sur autre chose le 1er sept. 1952. Sur ce désintéressement bien relatif, sur l'ironie contre l'idéal, sur la demeure et sur le reste aussi.)

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