29 janvier 2009

Du mal.

Une fois n'est pas coutume. 
Parce que c'est plus fort que moi et parce que je n'ai nulle part (et encore...) pour me départir de ça, de ce qui m'habite maintenant, pour une fois, donc, et comme d'habitude, je vais parler de moi.
De ce qu'il y a d'existentiel en moi, comme dirait le bucolique berger de l'être du haut de sa pittoresque montagne - même de lui, même et surtout des maîtres, on a envie de se moquer quand on a mal : j'existe en dehors, plus bas, et malgré vous -, de ce qui fait mes jours, à commencer par celui-ci, jour de la fin.
La littérature parfois ne suffit plus. Être en littérature pour moi c'est être jeté - pro-jeté, aurait -il, encore lui, dit - et c'est se perdre. À ce régime, on devient habile à sortir de soi pour mieux y revenir, s'appropriant la parole et la connaissance et la joie et le mal d'autrui. Et tant d'autres choses encore : une vue sur le monde que font ses cubes, une image de sa mère,  une "neige fine, neige lente" et le rythme qui vient avec. En littérature, j'existe à travers toutes ces choses. Ma parole ne s'élance pas sans elles ; je les deviens.
Mais mon devenir, qui s'échappe et qui fuit, existe-t-il en dehors d'elles ? Bien sûr que non. J' "écoute la voix du dehors, c'est la voix intérieure", et alors je ne sais plus discerner mon mal du tien. Quel est mon mal ? Aie-je mal ? Puis-je vivre ton mal ? Je m'approprie ton mal sans manière et suis anéantie de t'anéantir. 
D'ordinaire je me considère empathique. Trop, sans doute. Aujourd'hui, je me considère égoïste. 
Et dans des moments comme ceux-ci l'acte de lire devient, précisément, impensable.

5 commentaires:

Mek a dit…

Il est peut-être temps de penser autrement. Le moment d'un brutal changement d'angle.

J. a dit…

Oui. Absolument. Parce que ce coin-là devient vraiment trop étroit.

Mek a dit…

Je vous sens vaste et étoilée.

J. a dit…

Peut-être, et merci, mais si je le suis, c'est comme la nuit, précisément : en noir, et en silence.

Mek a dit…

La nuit, comme tous les objets de fascination, ne peut pas ne pas basculer dans la lumière. Après tout, elles se définissent mutuellement.

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