12 novembre 2010

Là où j'aurais aimé avoir mis Sylvain Trudel au programme

Je traverse une drôle de session.
Pour le première fois de manière aussi évidente, plusieurs de mes étudiants se confient à moi, volontairement ou non. Quelques-uns traversent des épreuves difficiles, certains sont carrément diagnostiqués en dépression tandis que d'autres en apprennent beaucoup sur eux-mêmes dans leur nouveau milieu, parfois parce que j'ai dit quelque chose qui les a bousculés un peu.
Je pourrais me sentir lourde, appesantie par ces petites et grandes douleurs. Je pourrais rejeter ce "fardeau", ce rôle que je joue maladroitement, parce que d'autres le jouent mieux que moi. D'ailleurs je leur laisse, aux spécialistes, diagnostics et prescriptions. Mais en ma qualité de lectrice, ce serait presque me contredire que de ne pas accepter ces échanges qui me font grandir aussi, ce serait nier ce que je ne cesse de répéter et dont ils font du reste présentement l'expérience : la fréquentation de la littérature fait de nous de meilleurs êtres humains. Cette vie multipliée n'est pas toujours pleine de lumière, mais je me sens privilégiée de pouvoir aider quelques jeunes gens à nommer, à comprendre un peu mieux la noirceur qui leur est propre.
Ce n'est pas jojo tous les jours, mais ce n'est jamais triste.
Image : Fernand Léger, La lecture, 1924.

3 commentaires:

manouche a dit…

Pas un fardeau mais une responsabilité, parmi ces étudiants il y en a qui n'ont que toi...

J. a dit…

Oui, et j'essaie de la prendre du mieux que je peux, cette responsabilité. Mais si nécessaire, je les réfère aux services d'aide qui sont là pour eux, parce que parfois il y a trop de risques à courir à prendre cette responsabilité fin seule. Je peux écouter, mais je ne peux pas sauver. Parce que je ne suis pas si différente, si loin d'eux, après tout...

Mek a dit…

Reste que la littérature vaut dix-mille psycho-pops armés des pulules des Rockefeller. Même les livres les plus nigauds sont moins dangereux que les plus inoffensifs médocs.