Sauf qu'il m'arrive souvent de mourir un peu, tuée par les petits mépris des autres, par mes faiblesses et mes peurs, surtout mes peurs, qui me dépassent et me grugent. Je meurs un peu à chaque abandon, et je me donne le droit à la colère ou à la peine quand elle vient. Je ne transforme pas vite vite vite chaque épreuve en leçon, comme on doit faire désormais si j'ai bien compris. Je ne parle pas toujours au "je" quand je suis sous le coup de la colère et quand je suis excédée vraiment, il m'arrive même de crier. Et de pleurer. Souvent, pleurer.
Je suis en vie, quoi.
Je suis du côté de la vie. Du côté de ce qui déborde et dérange, de ce qui fait mal et penser. Et je crois bien que Gil Courtemanche l'est aussi. Quand il dit "On meurt tellement souvent au cours de la vie", ce n'est pas tant toutes ces morts, qu'il me fait voir, que toutes les renaissances qui les suivent forcément. Et pour qu'il reconnaissaisse dans l'être aimé "la musique que l'âme imaginait et que l'on entend soudain", il a fallu qu'il l'entende toute sa vie, cette musique retrouvée. Il a fallu qu'il y ait toujours quelque chose comme un fil tendu, un souffle qu'il n'imaginait pas se briser. Même quand on n'existe que par procuration - "Chaque mouvement vers le beau, la grâce, l'intelligence me retourne en toi." - on existe encore. Et c'est peut-être même simplement ça, exister : passer par l'autre pour multiplier la vie en soi.
Je suis en ce moment amoureuse et heureuse. Mais je continue d'avoir mal souvent. Et si j'ai voulu lire ce livre à la tristesse insistante pour me donner le droit à la douleur, alors j'ai bien fait. Parce qu'il m'a surtout montré que tout ce qui bascule et chamboule ne va pas de la vie à la mort, mais de la vie à la vie. Toujours.
Référence : Je ne veux pas mourir seul, p. 58, 84, 121.
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