09 mai 2011

Contempler ce qui n'est pas là

"Être un écrivain, ça fait du mal." "Oui, on est ailleurs." Pivot, et Duras.
J'aime beaucoup Apostrophes, que je n'ai pas regardé quand c'était le temps.
C'est vrai, "on est ailleurs". Je ne suis pas un écrivain, mais je suis, ça j'en suis sûre, une littéraire. Et je ne me permets pas de faire comme cette jeune femme en mini jupe qui a escaladé les roches sur le chantier à côté de chez moi pour prendre des photos à travers les branches et les camions : elle s'est permis d'être dans une contemplation visible que je ne fais que garder pour moi, chaque jour, trop souvent.
Je ne contemple pas vraiment puisque, c'est classique, contemplant, je regarde ailleurs.
Je n'aime pas la richesse du vocabulaire. Je ne lui accorde aucun prix. Si j'étais écrivaine, je voudrais écrire un livre qui reposerait sur peu de mots - "là", "visage", "moment" - mais qui dirait beaucoup de choses. Pour moi, les richesses de la langue ne sont pas dans ce qui se voit. Voilà pourquoi, peut-être, je ne contemple pas visiblement.
Mais je n'en admire pas moins ceux qui le font. Heureusement.

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