Ces moments-là sont, pour moi, des moments de poésie.
Mais malgré tout la poésie est en dehors de la poésie. Aussi quand je suis en poésie, je ne lis plus de poésie, et je n'en écris pas non plus, mais j'y suis pourtant, en plein dedans. Le poème est un silence qui fige les assauts du monde. Ça force un temps pour la respiration, oui - un poème est un intervalle prolongé, je ne suis pas la première à le dire - mais ça les place aussi juste là, devant moi, ces assauts que j'aimerais mieux ne pas devoir encaisser. Voilà pourquoi je ne serai jamais poète, et voilà pourquoi j'ai pour les poètes une admiration immense : eux seuls ont le courage d'affronter cette vie-là, qui ne se raconte même pas.
Les études en littérature étant ce qu'elles sont - il faut faire des choix -, j'ai surtout travaillé la poésie. Et pourtant la poésie ne me secourt pas comme les histoires peuvent le faire. Je peux la penser, la poésie, je peux la vivre aussi, et je la vis souvent, mais quand les choses deviennent réelles, il me vient un rythme, une mesure qui ne peut se dire qu'en prose. J'ai besoin de la nuance de la prose pour rendre compte de la déferlante, du souffle qu'écrivant, je cherche à restituer.
Bref, quand je suis en peine d'amour, je suis en poésie. Et quand je suis en poésie, j'écris de la prose. Au fond tout ceci aurait pu se résumer comme suit : "Je suis en peine d'amour. J'ai mal. Ça ne se dit même pas." Mais ça aurait été beaucoup trop simple.
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