04 mai 2012

La grève qui tue : un autre point de vue

Ça fait longtemps que j'ai pas parlé. Je parle plus. Je sors plus. Quand je le fais, ça va tout croche.

Les derniers mois ont été durs. Et ça plombe encore. Ça fait que ce sera pas joli, ça ressemblera pas à des phrases faites de beaux morceaux musicaux qui coulent ou à des moments suspendus comme dans mes lectures préférées. Ça va ressembler à ma face échevelée, qui se regarde dans le miroir chaque matin mais qui voit juste la boule qui prend mon ventre, qui le lâche pas. Elle me lâche pas.

C'est vrai, c'est l'ordre des choses, ne rien pouvoir faire pour aider une mère malade, ne rien pouvoir faire devant l'inconnu. Penser à soi, à tout ce qui se pense pas. Geler raide dans le néant.

C'est vrai, c'est beau, la grève. Je suis pas contre la vertu. Je suis même d'accord : je veux croire que l'éducation bla bla bla. Mais depuis plus d'un mois, j'ai plus de travail - et mon travail me garde en vie -, j'ai plus une cenne, je sais pas vers quoi je m'en vais, je reçois des messages de mamans, de raccrocheurs, de mélangés qui lâchent l'école, qui abandonnent, qui en peuvent plus. Je sais pas quoi leur répondre.

Je les aime bien, les gens gentils qui partagent des articles qui ont six mois de retard sur des nouvelles sans rapport avec la grève au nom d'une cause sociale, d'une histoire qui changerait, d'une justice qui se rétablirait.

Mais si c'est pas en train de gruger ta vie, cette grève-là, c'est peut-être un peu facile d'y croire encore.

Moi, j'ai plus d'espoir.

1 commentaire:

laure a dit…

salut
je suis touchée par votre texte là, qui est une façon de dire le désespoir en pleine tempête, là où d'autres crient et croient , à l' heure où le Québec ressent les secousses d'un combat que poru ma part j'estime juste.
Je suis touchée aussi par ce que je m'y reconnais, en fait. Je crois bien être dans la même situation que vous, mais je ne me le dis pas, je regarde pas ça en face mais, finalement, no job ou par intermittence, je n'ai pas de place social si ce n'est celle de me la créer. Et oeuvrer en solitaire c'est une diablerie à double tranchant. Des matins volontaires et puis d'autres sans enchantements. Bon je voulais vous dire que j'étais passé par ici et que les bouteilles à la mer n'étaient pas tout à fait perdues... courage !