28 mars 2011

Moins seule

Ce n'est pas bien terrible. Nous sommes des centaines de milliers à en souffrir, parfois ponctuellement, parfois pour toujours. Mais pour ma part, depuis que ça m'est tombé dessus, je suis en deuil.
Je suis en deuil d'être seule dans ma tête, seule à m'entendre lire et penser, seule à m'endormir - et dieu sait si j'ai dormi! des 14, 15 voire 18 heures de suite avant de me taper 2 jours sans sommeil occupés à lire et réfléchir; sur ce plan aussi, je suis une instable - et seule à pouvoir profiter d'une minute de silence.
Parce que, depuis quelques jours, mon oreille fait une crise d'asthme. Et je sais maintenant qu'elle n'est pas près de s'estomper.
*
Petite, pendant mes crises, avant qu'elles n'atteignent ce point où on se demande s'il existe encore quelque chose comme le souffle de la vie pour soi, je prenais un certain plaisir. J'écoutais les sons étranges que faisaient mes poumons et je m'efforçais d'y déceler une lointaine musique. Changeante et stridente, mais ça ne me déplaisait pas : j'étais une grande fan de Samantha Fox.
Mais ces temps-ci, je ne prends plus plaisir à entendre en permanence ce parasite qui m'empêche de dormir, de me concentrer, d'envisager la nuit avec le même bonheur qu'avant.
*
Michel Tremblay en a tiré un livre, je crois. L'homme qui entendait siffler une bouilloire. (De mémoire.) Je ne l'ai pas lu. J'ai très peu lu Michel Tremblay. Je ne sais donc pas s'il a réussi à traduire ce bourdonnement, cet envahissement de la vie qui transforme chaque petit geste en épreuve. Je sais que moi j'en serais incapable. Mais qu'il ait réussi ou non, je n'ai pas envie de lire ce livre.
Bordel que je n'ai pas envie de lire ce livre.

5 commentaires:

manouche a dit…

Mon esprit pratique te suggère de faire soigner tes acouphènes,plus tard ça pourrait devenir moins inspirant....

J. a dit…

On veut bien, on veut bien, mais ça ne se soigne pas, les acouphènes. On peut apprendre à vivre avec, ils peuvent partir d'eux-mêmes, mais ils ne se soignent pas. C'est bien mon drame.

Mek a dit…

T'as essayé, un an à vélo à dormir en forêt et à chier dans les champs ? Ça m'a guéri un nombre incalculable de bobos incurables.
:0)

Daniel a dit…

Un gars que je connais se saoule la gueule presque à chaque soir pour pouvoir dormir malgré sonacouphène. Il y a aussi la possibilité de te trouver un amant compréhensif et doux qui t'aidera à passer des nuits plus réconfortantes.

J. a dit…

Merci pour les conseils! L'année à vélo - ou à pieds - et les champs, l'année en dehors de ce que je connais, bref, elle viendra quand j'en aurai assez de ce que je connais, et ça viendra, mais je n'y suis pas : je prends malgré tout pas mal mon pied pour le moment. Pour le reste, j'ai déjà un amoureux compréhensif et doux et tendre et passionné. Mais comme ces temps-ci je suis insomniaque, irritable et angoissée, ça s'annule! :D