Aujourd'hui, je suis retournée dans un quartier que j'ai habitée adolescente, puis beaucoup plus tard, ces dernières années. Il y a 15 ans, déjà, un petit trajet existait au coin d'une rue, inéluctablement retracé d'hiver en hiver par ceux qui choisissaient d'aller plus vite, ou de travers. Il est encore là. Cette fois-ci, cependant, c'est dans la lenteur que je l'ai emprunté, me souvenant de ce que j'avais été ces autres fois où je l'ai traversé, avide de plaire ou amoureuse déçue.
Alors j'ai pensé : peut-être le passage à la nouvelle année est-il, contre cette risible manie de la résolution, le moment tout indiqué pour rappeler à la vie ce qui s'est éteint en cours de route, et qui continue de faire ce que nous sommes ?
Quand je suis ensuite allée faire une course, mais très lente, dans le quartier où habitait mon compagnon de toujours alors que nous étions de jeunes amoureux, je me suis souvenue de la grisaille qui m'habitait quand je devais quitter sa maison où j'allais toujours, parce qu'il y avait là sa fougue, son rire, sa lumière contre ma tiédeur. J'ai laissé ce gris frôler mon après-midi de lumière, et il a éclairé autrement mon sourire d'amoureuse nouvelle, comme avant, avec lui, mais autrement.
Bonne année et merci aux quelques lecteurs de cet espace mouvant, dont moi aussi je me demande souvent ce qu'il peut bien vouloir dire, il faut pas croire.
2 commentaires:
"peut-être le passage à la nouvelle année est-il, contre cette risible manie de la résolution, le moment tout indiqué pour rappeler à la vie ce qui s'est éteint en cours de route, et qui continue de faire ce que nous sommes ?" C'est vraiment très beau. Dans les anciennes traditions celtiques, le début d'année, c'était notre Halloween. Maintenant, on mange des bonbons pour oublier le passé et on développe nos cadeaux au lieu de nos souvenirs.
Cadeaux-souvenirs qui, sauf exceptions, finiront du reste dans un oubli qui ne nous rappellera plus rien. Bien vrai!
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