Pendant qu'ils écrivaient, ce matin, j'observais mes étudiants trimer dur - Desbiens leur donne du fil à retordre; heureusement qu'il y a eu lui dans cette session pleine de livres sans vie pour me rappeler que tenter d'élucider une parole difficile devant autrui veut dire parler cette parole, devenir cet autre - et c'est à tous leurs petits objets que je me suis attardée. À ces bricoles qui, étalées devant eux, annoncent "étudiant au travail". Le sac, le crayon, le livre craint ou méprisé, le dictionnaire, la gomme à effacer ennuyée ou nerveuse qui tourne souvent sur elle-même sont autant d'indices d'un état, d'un temps de la vie qui se déploie et se pratique.
Et je me suis demandé quels seraient les indices de mon amour, quelles seraient ces traces visibles et synthétiques de la chaleur qui m'habite à chaque seconde et jette sur ma vie entière une lumière nouvelle. Il y en aurait peu. Un cahier, sûrement. Une paire de lunettes, amochée ou perdue. Une image de faux pique-nique : couverture, ciel, arbuste et bonnes bouteilles.
Il y a toujours quelques babioles pour donner à voir ce que l'on est. L'idée que ce baluchon ne soit ni très criard ni très lourd me plaît bien. Par-delà, on devinera "amoureuse exaltée" à mon sourire et à ma parole superflue qui refuse de garder sous silence une fébrilité toute simple reposant au fond sur bien peu de choses, parfois petites, souvent très grandes.
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