13 juillet 2009

T'écrire

Écrire à l'autre est un risque . Énorme. "La lettre est un risque. L'écriture ne l'est pas toujours."*

Écrire de soi à soi ne veut pas dire avoir peur du silence de l'autre, peur de ne pas entendre de réponse, de ne pas être pris, compris.

La lettre ne veut dire rien d'autre que la volonté d'être reçu, que la volonté de trouver un écho, concret. L'abandon dans la correspondance est un abandon du temps, d'abord - celui que je passe à t'écrire, celui que tu prendras pour me lire -, du corps, ensuite, de la tête, enfin. Mais à la fin. Et d'ailleurs l'écriture qui ne concerne que la tête ne m'intéresse pas. Ne m'a jamais intéressée.

À travers la correspondance, celle du coeur que je tiens maintenant, celle de la tête et du coeur que j'ai eu le privilège de tenir un jour, je me sais vivante. Je me sais quelque part entre moi et l'autre, en mouvement, offerte.

Oui. La lettre fait de l'écriture une chose qui vit. Même quand elle reste lettre morte.

* Martine Delvaux et Catherine Mavrikakis, Ventriloquies, Montréal, Leméac, "L'ici l'ailleurs", 2003, p. 60.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

en mouvement, offerte : oui c'est tout à fait cela... et quand on n'est pas reçu là où l'on se donne : ça fait mal ! (une passante qui se plait à vous lire)

J. a dit…

Oui, ça crée une sorte de mal, d'où provient le risque.

Mais même dans cette douleur, le mouvement reste lancé, et la lettre, une chose vivante.