Expériences multiples d'un transit difficile, cette semaine.
J'avais tort, d'abord. Il n'y a évidemment ni avant ni après; le langage fait, à tous les instants, l'événement. Et la grise réalité ne peut qu'être décevante une fois la vive lumière des fantasmes qu'il construit, qu'il fait être, tamisée.
Faire le deuil de ses fantasmes, c'est savoir reperdre tout le temps rattrapé par la rencontre. L'apparition de cette nouvelle figure du réel est un cycle inachevé entre naissance et mort. Et dans cet inachèvement qu'ils partagent, l'avenir et le passé ne sont qu'oeuvres ouvertes encore à raconter.
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Au retour, sur la route, les mots ont, eux, eu le courage de donner un sens à rebours à la béance qui s'ouvrait, et au cadavre naissant que je laissais derrière moi.
Au retour, sur la route, pensée et paysage ont été petites lâchetés, manières de ne pas voir là, inavouables, ma honte et ma colère.
Puis, à un moment où je levai les yeux, il y eut, surréelle et bien vraie, cette mer d'autobus et de camions de toutes sortes, immobiles et prêts, pour me rappeler le chemin encore à faire.
(Image : Paul Klee, Route principale et routes secondaires.)
2 commentaires:
Oh, oui. Le chemin. Miam.
clap-clap c'est très beau! Les fantasmes sont les reflets de l'âme, non dits ou dits, puisqu'ils existent nous vivons sinon nous ne sentirions rien du tout. À la limite, vivre est un fantasme en soi. Bon ça y est, ma journée est faite! Mais vraiment, c'est un plaisir de lire et de penser! On va prendre une bière en regardant passer l'autobus? :)
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