Ce n'est pas bien terrible. Nous sommes des centaines de milliers à en souffrir, parfois ponctuellement, parfois pour toujours. Mais pour ma part, depuis que ça m'est tombé dessus, je suis en deuil.
Je suis en deuil d'être seule dans ma tête, seule à m'entendre lire et penser, seule à m'endormir - et dieu sait si j'ai dormi! des 14, 15 voire 18 heures de suite avant de me taper 2 jours sans sommeil occupés à lire et réfléchir; sur ce plan aussi, je suis une instable - et seule à pouvoir profiter d'une minute de silence.
Parce que, depuis quelques jours, mon oreille fait une crise d'asthme. Et je sais maintenant qu'elle n'est pas près de s'estomper.
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Mais ces temps-ci, je ne prends plus plaisir à entendre en permanence ce parasite qui m'empêche de dormir, de me concentrer, d'envisager la nuit avec le même bonheur qu'avant.
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Michel Tremblay en a tiré un livre, je crois. L'homme qui entendait siffler une bouilloire. (De mémoire.) Je ne l'ai pas lu. J'ai très peu lu Michel Tremblay. Je ne sais donc pas s'il a réussi à traduire ce bourdonnement, cet envahissement de la vie qui transforme chaque petit geste en épreuve. Je sais que moi j'en serais incapable. Mais qu'il ait réussi ou non, je n'ai pas envie de lire ce livre.
Bordel que je n'ai pas envie de lire ce livre.