Parfois je voudrais d'une écriture qui avance. Parfois j'en ai vraiment ras-le-bol de la rondeur de ce que j'écris, qui revient toujours plus haut, derrière, qui est toujours trop lisse, trop poli, et qui ne me ressemble pas.
Parfois je voudrais écrire
une phrase qui n'en finirait plus, qui s'élancerait prestement vers des devants qui lui échapperaient, à cette phrase sans contours et se mouvant comme les instants fugaces qui s'enchaînent inéluctablement et dont elle se voudrait la trace, cette phrase qui irait vite et sûrement vers un temps qui déborde la page, avenir diffus et clair et allègre, parce que je voudrais qu'elle le fasse légèrement, sans pavoiser, juste comme si cette longueur et ce souffle allaient de soi et n'étaient pas réservés à la colère à laquelle on les limite souvent, comme s'ils pouvaient dire tout simplement ma joie, ma légèreté parfois et ma gaminerie surtout, que j'aimerais préserver plus que tout et à quoi je voudrais qu'elle ressemble, cette phrase sautillante qui comme tout le reste ne voudrait au fond dire qu'une chose : toi, moi et la force baroque que tu ajoutes à ma vie, que je surprends depuis toi souvent vive et cristalline.
Image : Brueghel l'Ancien, Allégorie de l'eau.
2 commentaires:
Ecrire c'est bien, mais dire c'est plus complexe et satisfaisant parfois....
Hélas oui, c'est vrai. Mais c'est aussi un risque et, souvent, il me manque juste ce qu'il faut de courage...
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