21 novembre 2008

Formalisme et idéal : de la difficulté de trancher

L'ennemi juré de l'idéal, du mien en tout cas, est l'ironie. Comme l'ironie, le formalisme suppose une sorte de rétrospection, une sorte de retour sur la parole qui pose l'écrivain en surplomb. Le formalisme devrait donc être un ennemi de l'idéal. Pourtant.
Il y a dans le formalisme récent quelque chose qui s'apparente au travail de l'incertain. Récemment, c'est Kim Doré, avec l'étonnant Maniérisme le diable (Poètes de brousse, 2008), qui a contribué à renforcer mon impossibilité de trancher. Si les rejets sont ostentatoires et les jeux sur la sonorité un peu insistants, il y a dans le rapport à l'autre beaucoup de l'ouverture chère à l'idéaliste. Bien qu'on n'ait pas du tout affaire à une poésie objective - l'idée vient de Handke, pour qui l'artiste doit être un "sujet objectif" - telle qu'on peut l'observer chez Hélène Dorion, par exemple, il y a dans ce recueil une sensibilité au monde qui passe par une voix frappée de fragilité.
Ainsi, l'assurance d'une parole "sans métaphore" ne ferme pas la possibilité à une attention à "un autre ordre" indéfinissable - et c'est beaucoup ce "ne pas savoir" qui me réconcilie avec le formalisme de Doré. Ainsi, "la douleur objective" est ressentie à travers un déplacement  du "centre" causé par "un doute en forme d'escalier".  Chez Doré, cette forme, ce "maniérisme", n'est pas contraire à un mouvement de l'être qui trahit un trouble tranquille. Voilà pourquoi je ne peux pas trancher.
J'aimerais seulement un peu moins d'assurance, et un peu plus de lumière.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Dude, savais tu que hendeke avait écrit une pièce du nom de :
Publikumsbeschimpfung... (1966)

Troublant...

J. a dit…

Pourquoi troublant?
...