Il y a dans le formalisme récent quelque chose qui s'apparente au travail de l'incertain. Récemment, c'est Kim Doré, avec l'étonnant Maniérisme le diable (Poètes de brousse, 2008), qui a contribué à renforcer mon impossibilité de trancher. Si les rejets sont ostentatoires et les jeux sur la sonorité un peu insistants, il y a dans le rapport à l'autre beaucoup de l'ouverture chère à l'idéaliste. Bien qu'on n'ait pas du tout affaire à une poésie objective - l'idée vient de Handke, pour qui l'artiste doit être un "sujet objectif" - telle qu'on peut l'observer chez Hélène Dorion, par exemple, il y a dans ce recueil une sensibilité au monde qui passe par une voix frappée de fragilité.
Ainsi, l'assurance d'une parole "sans métaphore" ne ferme pas la possibilité à une attention à "un autre ordre" indéfinissable - et c'est beaucoup ce "ne pas savoir" qui me réconcilie avec le formalisme de Doré. Ainsi, "la douleur objective" est ressentie à travers un déplacement du "centre" causé par "un doute en forme d'escalier". Chez Doré, cette forme, ce "maniérisme", n'est pas contraire à un mouvement de l'être qui trahit un trouble tranquille. Voilà pourquoi je ne peux pas trancher.
J'aimerais seulement un peu moins d'assurance, et un peu plus de lumière.
2 commentaires:
Dude, savais tu que hendeke avait écrit une pièce du nom de :
Publikumsbeschimpfung... (1966)
Troublant...
Pourquoi troublant?
...
Enregistrer un commentaire