04 avril 2010

Le strict nécessaire

Pas le roman, non; difficile de légitimer la création d'un système reposant sur l'hypothèse d'une unité dans ce monde où le sens passe - je dois malheureusement donner raison à Derrida - par la différence. La poésie? Peut-être. Mais elle doit raconter pour s'inscrire dans la vie, ou l'inscrire en elle. Ce serait donc plutôt la prose ou le récit poétique. En fragments, parce que je ne sais rien dire d'autre que les couleurs de l'instant.
Mais des couleurs, ça ne suffit pas. Je voudrais savoir ce que je voudrais dire qui serait nécessaire, viscéral. Quelque chose qui pourrait me transformer presque autant que l'exercice de la pensée, quelque chose qui, peut-être, transformerait aussi celui qui y trouverait une résonance pour lui.
Je le vois partout, ce nécessaire, ou le devine pour être plus juste. Et je sais un peu comment je voudrais le dire. Mais c'est un travail à recommencer chaque fois : la durée n'est pas une alliée pour cette écriture d'un nécessaire petit et assez humble pour ne rien vouloir dire de plus que l'essentiel.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Vas-y avec tes tripes

Mek a dit…

Tu me confirmes un peu ce que je soupçonne depuis toujours. L'enseignement de la littérature est une vaste opération de castration des plus prometteurs cerveaux.

Je ne dis jamais quoi faire, ou du moins j'essaie. Mais je dirais à une jeune perle pétillante et effervescente de se sauver le plus loin possible de toutes ces conneries. De s'enfermer dans une chambre minuscule à Barcelone ou à Berlin, avec 400 romans trouvés par terre ou dans les poubelles, de trouver un boulot de ramoneuse, de réfectrice de sculptures, de jardineuse, de n'importe-quoi d'autre que profétudiantassistantêteuserangeusétiquetteuse littéraire, puis de se laisser guider la pointe de la plume par l'invincible inspiration, à la chandelle, à la lune, au tramontane ou au sirocco, puis de relire réécrire lire relire reréreécrire lire écrire relire jusqu'à ce qu'orgasme, orage et oranges s'ensuivent au petit matin.

Yup.
Mais bon.

J. a dit…

Alors quoi? On n'enseigne plus la littérature? Comment les jeunes cerveaux pourront-ils alors la rencontrer? On demande à des non-littéraires de l'enseigner? Mais comment pourront-ils la rendre vivante?
Et puis j'ai moi-même connu deux ou trois profs - Jean Larose, Pierre Nepveu, Catherine Mavrikakis, et d'autres - qui n'étaient ni castrés ni cons.
Si je n'enseignais pas ce serait pire; j'ai essayé. Je suis si assommée après une journée de boulot débilitant que je suis incapable de même considérer la possibilité d'ouvrir un livre. Je deviens verte, sale et amorphe. Au moins maintenant je me sens vivante, et je continue de trouver dans les livres de quoi multiplier cette vitalité. Ce n'est pas rien..

Mek a dit…

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