26 février 2014

Le réel est magique, quoi qu'on en dise

Je suis dans un hiver qui use.

Je suis dans un hiver qui use, mais je travaille chaque jour à nourrir une sorte de gratitude, un sourire devant la chance que j'ai d'avoir ce que j'ai. Parce que je pense que dans l'essoufflement dont nous avons tous peine à sortir, l'air frais peut venir de ces quelques moments d'arrêt passés à mesurer la grâce qui nous est accordée.

Malgré cet essoufflement dont je peine à sortir, donc, je n'ai presque pas à agir sur mon regard qui erre pour voir apparaître des faits, objets, images ou moments dignes de mention, de méditation. Les jours qui passent fourmillent de paysages qui méritent d'être appréciés, et qui s'exhibent sans même que j'aie à les chercher.

Parmi ceux-ci, l'image d'une boîte de jeu. Un jeu pour enfants laissé par mes beaux-parents dans un sac, avec quelques plats préparés amoureusement, et qui est entré dans la maison en même temps qu'un enfant, celui de mon amoureux, qu'ils ramenaient après l'avoir gardé. "Fairy tale", ce jeu. Un vieux jeu dans une vieille boîte usée, aux coins racornis et à l'image flétrie : un chat botté craquelé mais souriant qui nous invite à le colorier avec les pions appropriés.

La chance que j'ai, je la vois partout autour de cette image précise - l'amoureux, l'enfant, les beaux-parents, les plats, le sac - et au coeur même de cette image aussi, qui a acquis un poids nouveau quand j'ai entendu mon amoureux dire, un sourire nostalgique dans la voix : "C'était mon jeu préféré quand j'étais petit. C'est drôle que M* (son fils) l'aime aussi."

Le temps passe et certaines choses ne changent pas. Le temps passe et même en ne le disant pas, nous nous en souvenons tous. Le temps passe mais les mots ne changent pas : "Fairy tale", c'est encore vrai, ça donne à rêver quelque chose de merveilleux, et c'est encore quelque chose de moins lointain qu'on pense, qui point encore au creux même des jours qui plombent.